La bilharziose ou schistosomose est une maladie tropicale négligée qui touche environ 230 millions de personnes dont 90 % en Afrique sub-saharienne. C’est une maladie parasitaire due à un ver plat vivant dans le sang, le schistosome, responsable essentiellement de deux formes, la bilharziose hépato-intestinale(S. mansoni) et la bilharziose urogénitale (S. haematobium)
.
Les œufs éliminés par les selles ou les urines du sujet parasité renferment un embryon dont le développement et la multiplication s’effectuent au sein d’un mollusque aquatique qui libèrera de 100 000 à 500 000 larves, formes infestantes pour l’Homme par voie transcutanée.
Le manque d’hygiène et le contact avec l’eau contaminée ( dans les marigots ) exposent particulièrement les enfants des communautés rurales, très vulnérables à la maladie. Les œufs non éliminés, piégés dans divers organes sous forme de granulomes, sont responsables de la pathologie bilharzienne. Beaucoup de ces granulomes se cancériseront peu à peu.
Campagne de dépistage et de traitement
En 2008, une campagne de dépistage des bilharzioses intestinales et urinaires dans la région de Bandafassi ( Sénégal oriental ) a mis en évidence des taux de contamination très élevés, de l’ordre de 44%, allant jusqu’à 90% dans certains villages.
En collaboration avec les autorités sénégalaises, un ambitieux programme d’éradication et d’éducation sanitaire a été mis en place.
Il permit de traiter et de suivre 3.324 enfants répartis dans 54 villages.
Ce programme a été poursuivi au fil des années, avec des résultats tangibles, montrant l’efficacité de cette action associant prévention et traitement.
Le graphisme ci-dessous illustre le succès de ce programme : la prévalence moyenne de la bilharziose intestinale (Schistosoma mansoni), initialement de 44 % avant traitement dans les divers villages, se maintient, encore en 2015, à un taux très bas (< 4 %). En revanche, il n’y a pas eu de modification pour S. haematobium dont la prévalence initiale était de 4 % .

L’obtention d’un faible portage de Schistosoma mansonidans les 53 villages conduisent à restreindre notre zone de surveillance et à mettre en place en 2015 un « programme de veille » centré sur 18 villages sentinelles, avec l’aide du laboratoire de microscopie de Bandafassi (laborantin : Gérald Keita) et d’un agent de santé motorisé (Fily Keita) sous l’autorité du médecin chef du District de Kédougou. Le traitement des 6-14 ans scolarisés est assuré par le programme national de lutte contre les bilharzioses.
Un combat permanent

Le tableau ci-dessus montre les taux de prévalence des deux souches, la souche intestinale (S.mansoni) en bleu et la souche urinaire (S. haematobium) en rouge.
La prévalence de la bilharziose intestinale (S. mansoni) reste relativement basse à la différence de la bilharziose génito-urinaire, très présente dans tout le Sénégal.
Cela peut s’expliquer par la grande mobilité des populations, accentuée depuis 2014 par la « dioura » ou recherche de l’or dans la zone étudiée, déscolarisant aussi de nombreux enfants (exemple du village de Tiabedji que nous avons « retiré » du programme de surveillance par manque d’élèves…) et de la très grande dispersion du mollusque hôte intermédiaire de la bilharziose génito-urinaire, capable de s’enterrer dans le sable à plus d’un mètre de profondeur en saison sèche. Le planorbe (bilharziose intestinale) ne peut vivre sans eau. Les valeurs fluctuantes de la bilharziose urinaire dans les villages sentinelles s’expliquent aussi par la non observance du traitement dans certains villages comme Nathia où l’instituteur n’a pu s’opposer au refus farouche des parents.
Campagnes de sensibilisation
5 agents de santé motorisés, encadrés par le médecin chef de la zone, sont chargés, en plus des traitements et prélèvements, de mener à bien des campagnes de sensibilisation sur la bilharziose. Ceci passe à la fois par une présentation de la maladie, ses causes, et ses modes de contamination, mais aussi les moyens de se protéger, nottament en améliorant l’hygiène, et généralisant l’usage de latrines.
Programme de mise en place de latrines
Afin d’éradiquer la bilharziose, il convient d’éduquer les populations, en particulier les enfants, pour limiter les risques de contamination dans les marigots infestés.
Un autre outil est la mise en place sur toute la zone de latrines garantissant une bonne hygiène, et une limitation de la transmission du parasite entre les habitants.
Ainsi, la Fondation pour une Maternité sans Risques a mis en place un programme de formation pour apprendre aux populations à confectionner des latrines, et un appel aux dons pour financer leur construction.
Dès 2010, la construction de latrines est envisagée avec la participation du village d’Assoni.
Le modèle agréé consiste en une fosse de 2 m x 2 m x 2,5 m, recouverte d’une dalle de ciment armé coulée par un maçon. Les villageois sont dédommagés pour creuser la fosse, mais ne perçoivent l’indemnité que lorsque la latrine est clôturée par une palissade réalisée par leurs soins, permettant ainsi une utilisation de jour comme de nuit.
Une latrine est attribuée par concession de 10 habitants. La dotation progressive des villages s’explique par la nécessité de lever des fonds spécifiques, 100 euros par latrine.
L’engouement des villageois s’amplifie d’année en année. Tous constatent la meilleure santé des enfants (moins de gros ventres), la forte diminution des diarrhées, sans oublier le confort ( ne plus être dérangé ou attaqué par les animaux sauvages).
1 200 latrines ont déjà été construites depuis le lancement du programme!
Mais le besoin est continu!
« Les villages où ont été construits des latrines ne cessent d’exprimer de nouvelles demandes: les villages s’agrandissent chaque année avec les jeunes qui, élevés avec le confort des latrines, se marient et fondent de nouveaux foyers et aussi des familles qui migrent de villages en villages, sans oublier quelques latrines anciennes qui se sont écroulées, tout comme les cases, sous l’agressivité de certains hivernages. »
Témoignage du Dr Boubacar Keita
la Fondation FMSR lance un appel aux dons pour financer l’implantation de ces nouvelles latrines.
100 euros suffisent pour construire une latrine!
Une liste de villages demandeurs a été établie début 2021:
- Liste des nouveaux villages demandeurs:
Habibou, Thiancounmal, Cyline, Itato, Kéréwany, Batimba, Mboulako, Dianwéli, Pelloune, Kindessa, Tanégué.
- Les villages déjà dotés, souvent partiellement, et demandeurs de latrines en 2021 :
Dindéfelo Tanda, Dapdapas, Afia Pont, Afia Magasin, Missira , Matakossi, Ninéfecha, Namel, Gnapouwar, Kenda, Bandine, Ndébou, Anguoussaka, Inéré, Ethies, Kesséma, Baitil, Thiénar, Landé Roundé, Landé Bawo Fitaré, Bambaya, Soukouta, Baraboye, Thiayel, Landiéni, Damboukoye, Ibel, Boundoucoundi, Thiokoye, Dongol, Patassy, Niagué, Hamadihéri, Danday, Mamakono, Assoni, Kourongoto, Nathia, Baya, Southiourou Baya, Koumaflé, Thiokéthian, Alinguél, Guingara, Thiarmalel, Samal, Sinthiouroudji, Saré Pathé, Santako, Landiény, Nymala, Wandinto, Wouridié (frontière Guinée Conakry), Wountoungouré (frontière Guinée Conakry), Koukoudjié (frontière Guinée Conakry)
Aidez ces villageois à s’engager dans la lutte contre la bilharziose et une meilleure hygiène au quotidien! Faites un don!
Soutenez ce programme!
Avec 100 euros, vous pouvez financer l’implantation d’une latrine.
Participez à notre programme annuel !
